Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/397

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— C’est un monstre… et c’est parce que cet homme peut être horriblement dangereux pour la princesse que je meurs heureux de te savoir là, près d’elle… au sein de son foyer… Aussi, observe, épie, écoute, veille… interroge… défie-toi de tout ce qui te paraîtra suspect, défie-toi même de ce qui te paraîtra innocent, car la haine de cet homme saura prendre tous les masques, tous les détours pour arriver à son but… Que ta surveillance soit de tous les instants… et je ne sais quel pressentiment me dit que tu sauveras peut-être cette femme angélique d’un grand péril.

— Mais, Monsieur, avez-vous au moins prévenu la princesse du péril qu’elle court ?

— Oui… mais dans sa courageuse fierté elle a ri de mes craintes, trouvant d’ailleurs, disait-elle, une sorte d’audacieux plaisir à braver la haine de cet homme… Effrayé de cette dédaigneuse insouciance, j’ai voulu prévenir le prince… mais alors Mme de Montbar m’a supplié de tout cacher à son mari.

— Cela est étrange, n’est-il pas vrai, Monsieur ?

— Si étrange… que dans l’intérêt même de la princesse je voulais passer outre… mais alors ses supplications sont devenues si pressantes, elle a invoqué des intérêts si sacrés…

Je regardai le docteur avec surprise, il ne s’expliqua pas davantage et continua :

— Ses instances ont été telles enfin, que je lui ai promis sur l’honneur de ne rien dire au prince.

— Monsieur… je puis bien peu dans ma condition,… mais Mme de Montbar n’aura pas un serviteur plus