Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/407

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— Viens… viens… mon noble et digne enfant ! — s’écria le docteur saisi d’une émotion ineffable, en tendant ses bras à son fils qui s’y jeta…

Et tous deux restèrent un moment étroitement embrassés.

Bientôt le docteur, s’adressant à moi et à Suzon, nous dit avec bonté :

— Laissez-nous, mes amis… j’ai à parler à mon fils… Je n’oublierai pas ce qui te regarde, Martin…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nous avions quitté mon maître et le capitaine Just depuis une demi-heure environ, lorsque le bruit précipité d’une sonnette, venant de la chambre du docteur, nous appela. Suzon et moi nous courûmes en hâte, notre maître expirait.

— Ma bonne Suzon… — dit-il d’une voix éteinte, — je n’ai pas voulu… m’en aller… sans te dire… merci… de tes soins… Mon fils se chargera de toi… allons… au revoir…

— Oui… va… et à bientôt… — dit Suzon en sanglotant et se jetant à genoux ; elle colla ses lèvres sur la main du vieillard.

— Et à toi aussi… Martin… — me dit-il, — j’ai voulu te dire adieu… Tout est convenu avec mon fils… ton indépendance est assurée… et si tu gardes… un bon souvenir de moi… fais pour… qui tu sais bien… ce que tu ferais pour ma fille… Allons… ta main… aussi…

Et, portant à mes lèvres avec une vénération filiale cette main déjà glacée, je m’agenouillai de l’autre côté du lit.