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— Je serai toujours prêt à obéir aux ordres de Mme la princesse, c’est mon devoir.

— Ah ! j’oubliais… — reprit Régina, et son visage trahit une impression pénible. — Une fois pour toutes… et sans que j’aie jamais besoin de vous réitérer cet ordre, vous irez chaque matin de très-bonne heure vous informer des nouvelles de M. le baron de Noirlieu… mon père…

— Oui, Madame la princesse…

Puis, comme si elle eût voulu se distraire des tristes pensées que venait sans doute d’éveiller en elle l’ordre qu’elle m’avait donné, ou voulant peut-être ne pas me laisser pénétrer son émotion, Régina me montra un bouquet de daphné blanc, placé dans une petite coupe de verre de Venise, enrichi de pierres fines, et posée sur une table de bois de rose, où je vis aussi un mouchoir brodé, un livre entr’ouvert et un ouvrage de tapisserie commencé.

— J’aime beaucoup l’odeur du daphné, — me dit la princesse, — vous vous entendrez avec ma fleuriste, afin que chaque jour j’aie dans cette coupe une branche fleurie de cet arbuste…

Mme de Montbar ayant de nouveau gardé un moment le silence, reprit avec une certaine hésitation :

— Le docteur Clément m’a écrit, et son fils m’a répété que vous étiez la probité même… Je sais avec quel courageux dévoûment vous avez, au péril de votre vie, lutté contre un misérable qui s’était introduit chez votre maître pour le voler…

— J’ai fait mon devoir, Madame la princesse.