Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gretté de n’avoir pas pu avoir l’honneur de prendre congé de lui.

— Je n’y manquerai pas, Monsieur Just, — lui dis-je en prenant la carte.

— Allons, Martin, — me dit affectueusement le capitaine, — adieu, mon ami…

Je me suis approché de la fenêtre, je l’ai vu traverser lentement la cour, et, pendant un moment où il attendit qu’on lui tirât le cordon, il s’est retourné, cherchant sans doute du regard la fenêtre de Régina, puis… la porte s’est ouverte et refermée sur lui. Je suis certain que le retentissement sonore de cette porte a eu un douloureux écho dans le cœur de Régina.

Ma première impression en apprenant le départ de Just, a été une joie égoïste, cruelle… Le jour était très-sombre, quatre heures allaient sonner, l’heure à laquelle je portais ordinairement de la lumière chez la princesse… D’abord j’ai hésité, sentant que Régina devait avoir besoin d’être seule, que celle demi-obscurité devait être d’accord avec la mélancolie de ses pensées ;… j’étais certain qu’en ce moment ma présence lui serait aussi importune qu’une soudaine clarté… mais, cédant à ma curiosité méchante, que je voulus me déguiser à moi-même en l’attribuant à l’intérêt que m’inspirait Régina, j’allai prendre la lampe de porcelaine que je lui portais habituellement, j’ouvris avec précaution la porte du premier salon, dont le bruit eût attiré son attention, et mes pas s’amortissant sur le tapis, j’avais soulevé la portière avant que Régina se fût doutée de mon approche.

À l’éblouissante clarté qui pénétra subitement dans