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CHAPITRE XI.


journal de martin (Suite).


M’approchant alors de la table devant laquelle le prince s’accoudait, j’ai simulé une pointe d’ivresse, et affecté de prendre le grossier langage des habitués du lieu.

— Ah çà ! mille dieux ! est-ce qu’on boit les uns sans les autres ? — ai-je dit à mon maître en lui frappant familièrement sur l’épaule.

M. de Montbar, relevant brusquement la tête, me regarda avec hauteur d’un air surpris et irrité.

— Eh bien ! après ? — repris-je en le fixant, — je te dis, mon vieux, qu’un homme qui boit seul, me fait de la peine… c’est un célibataire… de bouteille…

— Au fait… tu as raison, — répondit le prince, dont le courroux fit place à une sorte de gaîté factice et amère, — c’est ennuyeux de boire seul… Et d’ailleurs, rien que pour l’affreux tatouage dont tu t’es barbouillé la face… tu mérites qu’on te paie bouteille ; demande un verre… et trinquons.

— À la bonne heure… garçon, un verre.