Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/215

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— Je vous le promets sur l’honneur, — reprit le prince, après une légère hésitation.

— Voici ces papiers, Monsieur, — dis-je au prince, et je lui ai remis le portefeuille.

Il le prit d’une main tremblante et ajouta d’un ton pénétré :

— Merci, Monsieur… c’est le bonheur de ma vie… peut-être que je vous devrai, car je sais quelle influence la remise de ces papiers peut avoir sur les résolutions de Mme de Montbar envers moi ; mais votre voix amie et sévère, la seule qui m’ait jamais parlé un langage si élevé… dois-je l’entendre à cette heure pour la dernière fois ?

— Oui, Monsieur…

— De grâce, écoutez-moi, — reprit le prince avec une émotion qui me gagna. — Je vais avoir à accomplir une bien grande tâche… et je serai seul… vous qui avez déjà tant fait pour moi,… vous que je ne connais pas… mais qui êtes pour moi… un génie tutélaire, vous enfin dont les conseils auront, quoi qu’il arrive, une action décisive sur ma destinée… m’abandonnerez-vous ainsi à tous les hasards, à tous les dangers d’une position aussi difficile que la mienne ?

— Monsieur…

— Oh ! je vous le dis à mon tour, vous êtes ému, je le vois, — s’écria le prince, — aussi vous ne laisserez pas votre ouvrage imparfait… dans cette voie honorable, glorieuse, mais nouvelle pour moi, que vous venez de me tracer ; je ne pourrais sans votre appui marcher que d’un pas mal affermi,… et si, malgré ma résolution, je me décourageais ? si de nouvelles difficultés s’élevaient, de