Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

affaissé par le chagrin ainsi que je l’avais vu jusqu’alors, dit à Melchior :

— Vite… mon chapeau… et un manteau.

— Comment ! — dit Melchior stupéfait, — M. le baron… veut…

Et, sans lui répondre, M. de Noirlieu me dit :

— La voiture de ma fille… — et il s’arrêta un moment sur le mot comme s’il éprouvait un bonheur extrême à le prononcer.

— La voiture de ma fille est là ? — reprit-il.

— Oui, Monsieur le baron.

— Et ma fille… est chez elle ?

— Oui, Monsieur le baron.

— Elle n’y serait pas, d’ailleurs, que je l’attendrais, — se dit-il à lui-même… Allons…

Puis se retournant vers Melchior :

— Eh bien ! ce chapeau ? ce manteau ?

— Comment ! — dit le mulâtre, — Monsieur le baron est en robe de chambre, et il veut…

— J’ai bien le temps de m’habiller ! — répondit le vieillard. — Voyons, vite, un chapeau… un manteau.

— Mais, Monsieur le baron, — dit le mulâtre, — ce n’est pas sérieusement que…

— M’avez-vous entendu ? — dit le baron en se redressant et d’une voix si résolue, si impérieuse, que le mulâtre sentit qu’il eût été pour lui dangereux d’insister plus long-temps.

— Vous m’apporterez ce que je vous demande dans la voiture, — dit le vieillard à Melchior. — Je ne veux pas perdre une seconde.