Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/270

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digne et généreuse, Régina, la première, a parlé à Just de la nécessité d’une séparation ; puis, ressentant les angoisses, les craintes que lui inspirait la pensée d’oublier Just ou de perdre son amour, elle a voulu s’opposer de toutes les forces de sa passion à la résolution qu’elle avait d’abord sollicitée.

Just,… Régina !…

Pauvres chères âmes, victimes de la fatalité de leurs sentiments élevés…

Oh ! qu’il m’a fallu de courage pour résister à la double tentation de calmer leurs scrupules et de satisfaire mon orgueil en paraissant tout-à-coup et leur disant :

« Cette reconnaissance qui, surtout, vous enchaîne tous deux à M. de Montbar,… elle est vaine… il n’y a aucun droit… Moi seul ai réuni les preuves nécessaires à la réhabilitation de la mémoire de Mme de Noirlieu.

» Vous êtes tous deux profondément touchés de la résignation de M. de Montbar qui ne demande qu’à tenter de reconquérir le cœur de sa femme à force de soins et d’amour, puis de s’éloigner à jamais, si cette tentative est vaine.

» C’est moi qui, le suivant au milieu d’une orgie où il allait lâchement étourdir son chagrin dans l’ivresse, lui ai soufflé au cœur ces inspirations à la fois dignes et résignées qui font sa force, comme vous dites tous deux. »

Oh ! mon Dieu !… en parlant ainsi, avec quelles bénédictions j’aurais été accueilli de Just et de Régina ! avec quelle cordiale affection ils m’auraient serré la