Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/373

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vient relancer chez moi, en compagnie de gens de police…

— Que la foudre m’écrase si je ne suis pas résolu à tout pour me venger ! — s’écria Scipion dans une effrayante exaltation. — Mais, pour se battre, il faut une arme, et je n’en ai pas là sous la main.

Les yeux de Basquine semblèrent étinceler d’un feu souterrain ; elle reprit avec son ironie habituelle :

— Vous avez raison, on ne trouve pas tout de suite une vengeance… là, sous la main… Aussi, comme le temps presse… épousez Raphaële, vous serez un excellent mari… D’ailleurs, tenez, mon pauvre garçon, la résignation vous conviendra mieux… J’avais rêvé pour nous deux de si folles, de si étranges amours, que je ne sais pas où je vous aurais conduit… Séparons-nous… Vous êtes impuissant à venger nos communes injures, pardonnez-les… Cela est d’abord d’un meilleur cœur… puis plus facile… plus prudent, vrai, mon cher Scipion, — ajouta Basquine avec un accent de dédain compatissant qui exaspéra le vicomte cent fois plus encore que les excitations les plus violentes à sa haine contre M. Duriveau. — Vrai, je vous parle sérieusement, vous n’êtes pas de force à lutter contre votre père.

— Encore !

— Oui… je dois maintenant, en amie, vous éclairer sur des dangers auxquels, dans l’audacieux orgueil de mon amour, je vous aurais peut-être exposé, si vous aviez été mon amant…

— Que dites-vous ?

— Vous sentez bien que… — Puis, s’interrompant, Basquine reprit : — Tenez, mon pauvre garçon, pour