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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/81

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— s’écria Gontran… — Oui, telle cruelle que soit cette résolution… je renoncerai à votre main si à l’instant monsieur ne s’explique pas…

— C’est ce que je demande… — dit M. de Mortagne.

— Mais c’est absurde, — s’écria mademoiselle de Maran, pâle de colère ; — mais vous n’avez donc pas de sang dans les veines, tous tant que vous êtes, de vous laisser imposer par cet échappé de Bicêtre !…

— Échappé des prisons de Venise… où vous m’avez fait jeter depuis huit ans… par la plus exécrable machination ! — s’écria M. de Mortagne d’une voix tonnante en saisissant rudement mademoiselle de Maran par le bras et en la secouant avec fureur.

— Mais il va m’assassiner, il est capable de tout ! — s’écria ma tante.

— Et toi, infernale créature, de quoi n’es-tu pas capable ? Ta trahison ne m’a-t-elle pas fait souffrir mille morts… Vois mes cheveux blanchis, vois mon front sillonné par les souffrances. Huit ans de tortures… entends-tu ? Huit ans de tortures ! Et je m’en vengerai,