Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/126

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but que de lui ménager un cœur que M. Chopinelle a occupé tout entier…

— Mathilde… à votre tour prenez garde ! ne me poussez pas à bout…

— Oh ! maintenant que je vous connais, je ne vous crains plus… Mes illusions sur vous pouvaient seules être dangereuses, mais elles sont heureusement dissipées.

— Eh bien ! — s’écria ma cousine en ne cachant plus les mauvais ressentiments qui l’agitaient — puisque vos illusions sont dissipées, puisque vous me connaissez, puisque vous m’outragez… je n’ai plus à garder aucune mesure, il m’en a assez coûté de dissimuler avec vous depuis longtemps… Vous m’avez démasquée, dites-vous, regardez-moi donc bien en face alors ?

Je fus effrayée de l’expression d’audace et de méchanceté qui se révéla tout à coup sur les traits d’Ursule.

— Depuis assez d’années, ce masque me gênait — reprit-elle.

— Depuis assez d’années ? que voulez-vous dire, Ursule ?

— Ah ! cela vous surprend ? Ah ! vous me