Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/175

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— Mon beau neveu — dit mademoiselle de Maran avec rage — je ne conseille plus, l’heure est passée, mais je devine et je prédis… Écoutez-moi donc, si vous êtes curieux du présent et de l’avenir : dans votre joli petit ménage, l’un de vous est dupe et victime, l’autre est fripon et bourreau ; une rupture deviendra nécessaire entre vous, et cela plus prochainement que vous ne pensez, parce que la victime finira par se révolter… Mais cette rupture sera trop tardive, mes chers enfants ; le monde aura pris l’habitude de voir en vous deux complices… il continuera de vous mépriser… cette séparation, qui aurait pu au moins sauver la réputation de l’un de vous deux, ne sera qu’un nouveau grief contre vous… on vous prendra pour deux coquins même trop scélérats pour pouvoir continuer de vivre ensemble… Cela vous paraît drôle… et j’ai l’air d’une lunatique… Eh bien !… vous viendrez me dire un jour si je me suis trompée… un mot encore, et ne parlons plus de cela… Cette abominable révolution a tellement effarouché mes amis que je ne voyais presque personne et je ne savais presque rien