Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/201

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— Quoi ! vous savez !… — m’écriai-je stupéfaite, car je n’avais confié ce secret qu’à Gontran.

— Oui, oui… je le sais — reprit Ursule — et cette raison surtout, en augmentant mes remords, m’a déterminée à agir comme je fais…

Après un mouvement d’hésitation, Ursule continua en baissant les yeux et d’une voix altérée :

— Vous vous souvenez bien, n’est-ce pas, de cet entretien si vif que nous eûmes ensemble ?

— Oui… oui… Eh bien !… — m’écriai-je avec angoisse, car mon cœur se serrait par je ne sais quel odieux pressentiment en songeant que mon mari avait dit à cette femme un secret que lui et moi seuls nous savions.

— Je ne veux pas récriminer — reprit-elle avec une émotion croissante — mais enfin, si dans cet entretien je vous avais crûment avoué l’envie que vous m’aviez toujours inspirée, Mathilde, vous avez été pour moi sans pitié, vous m’avez reproché la honte d’une liaison que je n’avouerai jamais… vous m’a-