Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/245

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même le plus léger penchant, et… vous… Non, non, c’est impossible, répétez-vous.

« Vous oubliez, mon cher cousin, qu’il est des passions de toutes sortes, et que l’amour n’est pas la plus violente de toutes… Vous ignorez donc que pour satisfaire sa haine et sa vengeance une femme comme moi ose ce qu’elle n’oserait jamais si elle éprouvait un amour passionné, ou si elle ne ressentait même qu’un tendre penchant. Dans ce dernier cas elle obéirait à un instinct de coquetterie qui lui dirait qu’un triomphe trop facile éteint un goût passager.

« Si elle aimait au contraire passionnément, oh ! elle ne raisonnerait pas… L’amour, le véritable et profond amour lui inspirerait les plus exquises délicatesses… Si elle succombait, elle succomberait avec une sorte d’enivrement chaste et pudique. Dans son aveugle entrainement elle n’aurait la conscience de sa faute qu’après l’avoir commise ; elle en aurait les remords, la honte, la volupté ardente et amère. Enfin ses ressentiments seraient ceux de la plus noble des femmes, car un amour sincère élève souvent les cœurs les