Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/254

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Monsieur… et vous avez eu le honteux courage de m’écrire : L’état dans lequel se trouve ma femme l’empêchera de venir à Paris…

« Tenez, monsieur de Lancry, je suis capable et coupable de bien des mauvaises actions, je ne sais pas ce que l’avenir me réserve de commettre encore ; mais, jamais, je le jure, je n’aurai à me reprocher l’équivalent de ces odieuses paroles.

« Décidément vous êtes le plus ingrat, le plus égoïste, le plus insensible des hommes, car la passion vous déprave… au lieu de vous ennoblir ! C’est d’ailleurs naturel, une passion dépravée ne peut élever le cœur…

« Gardez-vous encore de votre vanité qui vous dira peut-être que Lovelace et don Juan ne valaient pas mieux que vous, et que mon reproche signifie adorable scélérat

« Vous vous tromperiez singulièrement : moi qui suis un don Juan femelle, je sais ce que vaut le don-Juanisme ; j’ai même honte de voir les passions que j’inspire se traduire par de si mauvais instincts : comme le sorcier du conte allemand, je recule épouvantée du