Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/267

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mes traits, et je me comparais à Ursule toujours si fraîche et si rose.

Dix heures et demie sonnèrent a l’antique horloge du château, mon mari entra chez moi.

Lui aussi, depuis deux jours, avait cruellement changé, il était d’une pâleur extrême ; les veilles, les pleurs… peut-être, avaient rougi ses yeux, il semblait accablé, sa physionomie était presque farouche.

— Je ne chercherai pas à le nier — me dit-il brusquement — les torts que j’ai envers vous sont très grands, vous devez me détester,… soit, détestez-moi.

— Je vous prie de m’entendre, Gontran ; notre position sera fixée aujourd’hui, je dois vous dire avec la plus entière franchise le résultat de mes réflexions et ma résolution inébranlable…

— Je vous écoute…

— Pendant ces deux jours que je viens de passer seule, je ne sais par quel étrange mirage de ma pensée tous les évènements qui ont eu lieu depuis que je vous connais me sont apparus pour ainsi dire en un seul moment ; j’ai pu en saisir à la fois et l’ensemble et les dé-