Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/51

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aux éclats en regardant Gontran avec étonnement et s’écria :

— Ah çà ! devenez-vous décidément fou, mon cousin ? Est-ce déjà votre passion pour moi qui vous trouble la raison ? Comment, vous voulez être le but incessant où tendent toutes mes pensées ! Vous ne comprenez rien à mon voyage ici, parce qu’il n’a pas pour but de vous dire : Je vous aime ! Mais rappelez donc vos esprits : ce n’est pas du tout à vous mais à ma chère Mathilde que je veux consacrer le temps que je passerai à Maran. Mon Dieu ! quelle figure vous me faites ! Que les hommes sont singuliers ! Je vous aurais avoué que depuis longtemps je méditais le dessein perfide de vous enlever à votre femme que vous auriez trouvé cette indignité toute naturelle, tandis que vous voilà très contrarié de me voir respecter si scrupuleusement les lois sacrées de l’amitié que vous venez vous-même invoquer.

— Madame…

— Allons, allons, rassurez-vous, je ne veux pas me faire meilleure que je ne le suis ; c’est beaucoup plus mon éloignement pour les gens