Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/80

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Gontran sortit.

Mon premier mouvement fut d’être charmée des douces paroles qu’il venait de me dire avec sa grâce habituelle : puis il me sembla que son accent avait été nerveux, saccadé ; que ses regards n’étaient pas d’accord avec son langage.

On eût dit qu’il voulait s’étourdir sur sa situation, ou me rassurer par quelques mots de tendresse.

Cependant il y avait quelque chose de touchant, de pénétré dans son accent.

Néanmoins, plus je réfléchis à l’impression qu’Ursule avait faite sur lui, plus je crus à un danger imminent.

Quelques jours auparavant j’aurais pleuré, pleuré, puis tenté quelques plaintes timides et stériles ; mais, appelée à de nouveaux devoirs, je voulus changer complètement de conduite.

Je compris que je devais craindre la violence des chagrins, leur réaction pouvait être fatale à mon enfant ; je me promis donc de tâcher désormais de ne jamais m’affliger pour des vanités, de me roidir contre ma susceptibilité, de m’endurcir contre les souffrances