Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

morales, et d’être, si cela se peut dire, extrêmement sobre de douleurs.

Les circonstances présentes devaient mettre ma nouvelle résolution à une rude épreuve.

J’essuyai mes larmes, je songeai froidement à ma position.

De ce moment, pour n’être plus écrasée sous les débris de mes espérances, j’envisageai bravement la vie sous les couleurs les plus sombres.

Je ne m’abuse pas sur la cause de cette courageuse résolution, je possédais un trésor de bonheur et d’espérance que rien au monde ne pouvait me ravir.

Quel que fût l’avenir, mon enfant me restait : car j’avais la conviction profonde, inébranlable, que Dieu m’avait envoyé cette suprême consolation dans mes chagrins, comme une religieuse récompense de mon dévoûment à mes devoirs.

Cette foi aveugle à la protection divine m’empêcha d’avoir jamais la moindre frayeur sérieuse sur la vie future de ce petit être qui doublait ma vie, qui devait me faire oublier bien des souffrances.