Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/9

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mer à Dieu ma religieuse reconnaissance.

J’ouvris ma fenêtre ; nous étions à la fin de l’automne : la nuit était aussi belle, aussi pure que le jour avait été radieux ; on n’entendait pas le plus léger bruit. Tout était ombre et mystère, les profondeurs du firmament étaient semées de millions d’étoiles étincelantes. La lune se leva derrière une colline couverte de grands bois. Tout fut inondé de sa pâle clarté, le parc, la forêt, les prairies, le château.

Tout-à-coup une faible brise s’éleva, grandit, grandit, passa dans l’air comme un soupir immense, et tout redevint silencieux.

Je vis un présage dans cet imposant murmure qui troublait un moment cette solitude et qui fit paraître plus profond encore le calme qui succéda…

Il me sembla que ma dernière plainte était sortie de mon cœur, et que désormais ma vie s’écoulerait heureuse et paisible.

Pour la première fois depuis que j’avais l’orgueilleuse conscience de la maternité… depuis que je vivais double, je songeai à mes peines passées… Ce fut pour rougir d’avoir