Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/14

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— Voilà qui est injuste — dit M. de Fierval en souriant. — La princesse s’habille toujours de la même manière et avec la plus grande simplicité : le soir une robe de velours noir ou grenat foncé avec ses cheveux en bandeaux.

— Oui ; mais ces robes, admirablement coupées, laissent admirer des épaules ravissantes, des bras d’une perfection rare, une taille de créole, un pied de Cendrillon, et quel luxe de pierreries !

— Autre injustice ! — s’écria M. de Fierval, — elle ne porte qu’un simple ruban de velours noir ou grenat autour du cou, assorti à la couleur de sa robe…

— Oui — reprit le domino — et ce pauvre petit ruban est attaché par un modeste fermoir composé d’une seule pierre… Il est vrai que c’est un diamant, un rubis ou un saphir de vingt ou trente mille francs… La princesse possède, entre autres merveilles, une émeraude grosse comme une noix.

— Ça n’est toujours que l’accessoire du ruban de velours — dit gaiement M. de Fierval.

— Mais le prince, le prince m’inquiète… moi — reprit M. de Brévannes. — Sérieusement, est-il aussi mystérieux qu’on le dit ?

— Sérieusement, reprit M. de Fierval. — Après avoir demeuré quelque temps rue Saint-Guillaume, il est allé se loger sur le quai d’Anjou, au Diable-Vert, dans cet ancien et immense hôtel Lambert. Une femme de ma connaissance, madame de Lormoy, est allée rendre visite à la princesse ; elle n’a pas vu le prince, on l’a dit souffrant. Il paraît que rien