Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/103

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Si je tenais si bien ta pensée asservie
Qu’un beau voyage au loin ne te fit point envie,
             Qu’un autre ciel ne te plût pas,
Et que l’air et le sol n’eussent pour toi de vie
             Que par ma voix et par mes pas,

Je te saurais aimer, toi dont l’âme ressemble
À la fleur qui dans l’ombre et se replie et tremble
             Et meurt sans le baiser du jour ;
« Viens, te dirais-je, viens, soyons heureux ensemble,
             Je t’adore pour ton amour. »