Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/122

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Les voici


 
Son heureux fiancé l’attend, moi je me cache.
Elle vient ; je l’épie, en murmurant tout bas
Ce reproche, le seul que son oubli m’arrache :
            — Vous ne m’aimiez donc pas ?

Les voici tous les deux : ils vont l’un près de l’autre,
Ils se froissent les doigts en cueillant des lilas.
— Vous oubliez le jour où ma main prit la vôtre ;
            Vous ne m’aimiez donc pas ?

Heureuse elle rougit, et le jeune homme tremble,
Et la douceur du rêve a ralenti leur pas.
— Vous oubliez le jour où nous errions ensemble ;
            Vous ne m’aimiez donc pas ?