Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je me souviens de mes tendresses vagues,
Des aveux fous que je jurais d’oser,
Lorsque, tout bas, rien qu’aux chatons des bagues
       Je risquais un fuyant baiser.

Elle a passé, bouclant ma chevelure,
Prenant ma vie ; et, comme inoccupés,
Ses doigts m’ont fait une étrange brûlure,
       Par l’âge de mon cœur trompés.

Comme l’aurore étonne la prunelle,
L’éveille à peine, et c’est déjà le jour :
Ainsi la grâce au cœur naissant nouvelle
       L’émeut, et c’est déjà l’amour.