Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nul centre ; y fût-il même un centre, aucune chose
Ne doit se fixer là par cette seule cause
Plutôt qu’ailleurs siéger pour toute autre raison.
En effet, tout le lieu, l’espace appelé vide,
Doit s’ouvrir dans le centre aussi bien qu’en dehors
Aux corps pesants partout où leur chute les guide.
Il n’est pas d’endroit tel qu’arrivé là le corps,
Cessant de graviter, dans l’abîme réside.
Tout vide sous le poids qui s’y veut appuyer
Cède indéfiniment par son essence même.
Rien de tel ne peut donc maintenir le système
Des corps, et par l’attrait d’un centre les lier.
     Ce ne sont pas d’ailleurs tous les corps qu’ils prétendent
Vers le centre poussés, mais bien certains d’entre eux :
Les terres, les liqueurs, les corps quasi terreux,
Océans, grandes eaux qui des sommets descendent ;
Tandis qu’inversement les atomes de feu,
Les particules d’air s’écartent du milieu :
Tout l’éther étoilé vibre en formant la sphère,
Et le soleil repaît ses flammes au champ bleu
Du ciel, où tout le feu rayonné s’agglomère.
Des arbres, disent-ils, jamais ne verdirait
Le faîte, si du sol chacun d’eux ne tirait
Peu à peu sa pâture . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . de crainte
Qu’à la façon du feu volant de toutes parts
N’éclatent aussitôt, par le grand vide épars,
Les murs rompus du monde, entraînant tout le reste,