Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/236

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Brute qui bats ta femme et dis : « Mort aux tyrans ! »
Qui ne lui parles point sans l’appeler carogne,
Et, misérable roi, t’indignes sans vergogne
De n’être pas nommé citoyen par les grands !

Et toi, plus insensé, né dans les premiers rangs,
Qui, réprouvant cet acte et ce propos d’ivrogne,
Trouves le meurtre en masse une noble besogne,
Et t’adonnes, plus vil, à des vices moins francs !

Par le sang de la guerre ou par le vin du bouge
Grisés comme taureaux affolés par le rouge,
Qui peut croire qu’un jour vous vous embrasserez ?

Qui jamais abattra le rempart séculaire
Fait de pavés croulants, de trônes effondrés,
Qu’entre vous ont dressé la peur et la colère ?




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