Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/239

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une voix.



Cette coupe d’or du désir,
Vers tous les infinis tendue,
Nous est offerte, et nous est due,
Car seuls nous la pouvons saisir !

Les siècles tour à tour y viennent.
Verser leur tribut au nectar
Que font plus doux ceux qui la tiennent
Pour ceux qui la tiendront plus tard !

S’il s’y mêle encore une haleine
De fange, de sang et de fiel,
Devons-nous dédaigner son miel,
Ou la renverser presque pleine ?

Elle n’est jamais sans saveur :
Un pleur même y devient suave !



le chercheur.



Mais l’échanson, c’est un esclave ;
Un maître énervé, le buveur.