Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/244

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Je sais donc maintenant, pour l’avoir affronté,
Quel monstre ancien, tapi sous sa brillante robe,
Aux regards éblouis l’humanité dérobe,
Quels aveugles instincts forment sa volonté.

Mais à voir son grand air, sa foi dans sa bonté,
Son rire olympien sur un infime globe,
Je cherche, en son cerveau malsain, l’étrange lobe
Où siège et se nourrit son orgueil indompté ;

J’y cherche le sinus profond où se recrute
Sous sa couronne d’or le vieux levain de brute
Qui fermente toujours, plèbe et tyrans, en vous.

Demander la justice à cette souveraine,
Autant la demander à quelque pauvre reine
Au bandeau de clinquant, dans une cour de fous !




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