Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/80

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ne sera pas une question fondée, s’il n’est pas préalablement prouvé que la pensée est susceptible de localisation, si ses rapports avec l’espace sont inconnus.

En second lieu : une question posée n’est rendue soluble que si les données fournissent un système de rapports s’impliquant tous et impliquant à la fois le sujet et la détermination du prédicat supposée connue. Les rapports doivent s’impliquer tous, car ils concourent tous à la spécification du sujet, et par conséquent ils coexistent en lui et par lui ; ils sont liés entre eux par l’unité même de son essence. Le problème, de quelque nature qu’il soit, doit, en un mot, pouvoir être mis en équation.

La première de ces règles est évidente, la seconde, pressentie par tout logicien, ne se pourrait démontrer rigoureusement sans excéder les bornes d’un simple aperçu.

Or ces règles sont toujours exactement observées dans les sciences positives, mathématiques ou expérimentales ; elles sont constamment violées dans les sciences philosophiques.

Dans les sciences mathématiques, le terme indéterminé, le prédicat, convient toujours au sujet, car l’idée en est toujours impliquée dans la définition du sujet. Dans un problème quelconque de mathématiques, l’inconnue est une grandeur de même nature que les données.

Dans les sciences naturelles, la méthode consiste à observer des faits, puis à en dégager des lois qui expriment ce qu’ils ont de commun et de constant ; la curiosité procède donc par une simple constatation, par la simple question : qu’existe-t-il ? laquelle ne suppose dans l’esprit que la notion d’existence. Puis la découverte des propriétés générales ou lois permet de poser d’autres questions dont le prédicat est préci-