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colonels de l’armée anglaise âgés de six mois ? — ce qui ne les empêche pas de faire leurs dents. Le 3 mai 1649, M. d’Ailleboust, alors gouverneur-général, étant à Montréal, mit les jésuites en possession de la seigneurie, en présence de Jean Bourdon et de François de Chavigny.

La compagnie des Cent-Associés conservait toujours son privilège sur les terres de la Nouvelle-France. Le 16 avril 1647, elle accorda les titres de cinq seigneuries :

À « Robert Giffard, seigneur de Beauport, coronaire et médecin ordinaire de Sa Majesté, et… de l’expérience et connaissance qu’il s’est acquises dans le dit pays, depuis longues années qu’il y a fait son séjour… deux lieues de terre… à prendre au même endroit de sa présente concession (Beauport) et rangeant icelle ou de proche en proche autant qu’il se pourra faire, sur dix lieues de profondeur dans les terres vers le nord-ouest… conformément à la coutume de Paris, que la compagnie entend être gardée et observée[1] partout en la Nouvelle-France… » Le 15 mai suivant, une décision, signée Lamy, Dupuys et Bégon, porte que cette concession étant « bornée d’un côté aux révérends pères jésuites et d’autre côté de celles concédées à la compagnie Beaupré[2]… » le sieur Giffard pourra prendre les terrains « non concédés, soit au nord soit au sud, ainsi qu’il sera désigné par M. de Montmagny[3]… » En conséquence, on lui donna l’espace (fief Saint-Gabriel) situé entre les fiefs nommés plus tard Saint-Ignace, Gaudarville, Fossembault et Hubert. Le 13 mars 1651, deux lieues et demie de cette concession furent passées aux Hurons de la Jeune-Lorette, et le reste accordé aux jésuites (2 novembre 1667) par Giffard, cinq mois avant son décès. L’Ancienne-Lorette, la Jeune-Lorette, Saint-Ambroise et Valcartier sont des paroisses de cette seigneurie.

À Pierre Lefebvre, un quart de lieue de front sur une lieue de profondeur, à la charge d’un denier de cens pour chaque arpent lorsqu’il sera en valeur seulement. À Nicolas Marsolet, une demi-lieue de front sur deux lieues de profondeur, sujet aux droits et redevances accoutumés et au désir de la coutume de Paris. Ces deux fiefs se fondirent plus tard (1669, 1676) dans la seigneurie de Gentilly, lorsque Michel Pelletier, sieur de la Prade ou de la Pérade, les acheta et se fit concéder une lieue et trois-quarts de terre avoisinant pour former cette seigneurie, qui mesura ainsi deux lieues et demie sur le fleuve et deux lieues dans les terres[4].

À René Robineau, sieur de Bécancour, une terre de deux lieues et un quart de front au fleuve, tenant du côté nord-est à la rivière Puante ou Saint-Michel (Bécancour) qui la sépare de la concession de M. Le Neuf (le fief Dutort), et du côté sud-ouest au fief Godefroy — sur deux lieues et un quart dans les terres, avec les îles, îlets et battures qui se trouvent tant dans la rivière Bécancour que dans la rivière Saint-Paul (rivière Godefroy)[5]. C’est la seigneurie de Bécancour.

  1. Ceci est à remarquer.
  2. C’est la compagnie Cheffault-Lauson-Fouquet-Berruyer-Rosé-Duhamel-Castillon-Juchereau.
  3. Titres seigneuriaux, 47-9.
  4. Titres seigneuriaux, 12.
  5. Chronique trifluvienne, 67-9.