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CHAPITRE II

1649-51.


Premières troupes envoyées au Canada. — Dispersion des Hurons. — Situation du pays en général. — M. d’Ailleboust rappelé.


J

usqu’à la mort de Champlain (1635), la force armée de la colonie était demeurée à peu près nulle. La vieille querelle des Algonquins et des Iroquois n’avait pas encore mis en cause le sort des Français ; d’ailleurs, ceux-ci, armés à l’européenne, eussent fait bon marché d’un ennemi qui ne lançait que des flèches et qui redoutait si fort les tonnerres des visages pâles. M. de Montmagny amena (11 juin 1636) sans doute des soldats et du matériel de guerre, puisque nous le voyons, dès le premier été de son séjour, faire reconstruire plus en grand le fort Saint-Louis de Québec, dresser le plan de cette ville, agrandir le fort des Trois-Rivières et y ajouter une batterie de canons. Au mois d’août de la même année, le père Le Jeune écrivait : « Nous avons nombre de très honnêtes gentilshommes, nombre de soldats de façon et de résolution ; c’est un plaisir de leur voir faire les exercices de la guerre, dans la douceur de la paix, de n’entendre le bruit des mousquetades et des canons que par réjouissance, nos grands bois et nos montagnes répondant à ces coups par des échos roulants, comme des tonnerres innocents qui n’ont ni foudres ni éclairs. La diane nous réveille tous les matins ; nous voyons poser les sentinelles. Le corps de garde est toujours bien muni ; chaque escouade a ses jours de faction ; en un mot, notre forteresse de Kébec est gardée dans la paix comme une place d’importance dans l’ardeur de la guerre. Le reste des habitants fait un gros de diverses sortes d’artisans, et de quelques honorables familles, qui s’est notablement accru[1] cette année. »

En 1637, on trouve la mention du soldat Jolicœur, de la garnison de Québec. Tel est bien le nom du troupier français : Portelance, Bellepointe, Laparade, Bellehumeur, Sansfaçon, Vadeboncœur, Lamoureux, Belavance, Lafleur, Lecocq, Bienvenu, Jolicœur !

Les chaloupes et les brigantins qui faisaient le service entre Québec et les Trois-Rivières portaient des petits canons de fonte appelés espoirs, ce qui suppose des artilleurs pour les manœuvrer.

  1. Voir pp. 60-61 du tome II.