CHAPITRE IX
1795 — 1830
De tout temps, depuis l’origine de la colonie, le théâtre a été l’un des amusements favoris de notre bonne société. Nous en avons parlé plus d’une fois. M. de Gaspé raconte que M. de Salaberry, revenant de France, vers 1786, fut invité à la représentation du Barbier de Séville, joué par des amateurs de Québec. « Qu’irais-je faire, dit-il, à votre théâtre ; voir massacrer une pièce que j’ai vu jouer à Paris par les meilleurs acteurs français ? » Il se laissa néanmoins gagner plutôt par complaisance que par amusement et assista à la représentation de cette charmante comédie. Beaucoup de nos jeunes gens ont eu de tous temps une aptitude remarquable pour le théâtre ; et je puis dire à leur louange, et sans prévention, qu’au dire même des Anglais ils réussissaient beaucoup mieux que les acteurs britanniques à quelques exceptions près. Dès la première scène, entre le comte Almaviva et le Barbier, monsieur de Salaberry, emporté par l’enthousiasme qu’il éprouvait pour les talents de son jeune compatriote, monsieur Ménard, se lève de son siège et s’écrie de sa belle voix sonore et retentissante : « Courage, Figaro ! on ne fait pas mieux à Paris ! » Les assistants électrisés par ses paroles se levèrent spontanément de leurs sièges en criant : « Courage,