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CHAPITRE IV

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Type physique des Canadiens. — Leur costume. — Caractère. — Mœurs et coutumes. — Instruction publique. — Le gout des voyages lointains. — Les Canadiens aiment la France. — Culture des terres. — Les seigneuries. — Maisons de campagne. — Québec, Trois-Rivières, Sorel, Montréal. — Climat de la province. — Commerce du pays.


M

anbury, officier du 24e régiment, qui visita notre pays en 1776, observe que, à la baie Saint-Paul, les habitants paraissaient très pauvres, mais qu’ils avaient en abondance toutes les choses nécessaires à la vie et cependant vivaient bien modestement, gardant pour le marché la plupart des produits de leurs fermes. « Chaque habitant à l’aise possède ordinairement, dit-il, de dix à vingt moutons, dix ou douze vaches, et cinq ou six bœufs de labour. Le bétail est petit mais excellent. En général, depuis la conquête, ces fermiers vivent dans une aisance inconnue de leurs semblables en Angleterre. On les voit améliorer leurs propriétés… Il y a peu de seigneurie qui ne donne de l’orge, du maïs, du seigle, du chanvre, du lin, du tabac et le reste, et le tout en abondance. On pourrait en tirer des articles de commerce pour les Indes Occidentales et où, depuis la conquête, nous avons exporté des quantités de planches, de bois, de farine… Au commencement de l’année, les Canadiens ont une singulière coutume : les hommes vont de porte en porte saluer les femmes, lesquelles réservent trois jours à ces réceptions. On s’embrasse, on cause, on se quitte. Les Anglaises se conforment à cette mode, plutôt que de paraître revêches… En général, les Canadiens sont de belle taille et de forte stature. Leur habillement consiste en un simple surtout qu’ils couvrent dans les temps froids d’un capot de couverte retenu à la moitié du corps par une ceinture de laine ; la tuque est chez eux en usage, mais au milieu de l’hiver ils mettent un casque de pelleterie. Ils sont très fiers de leur longue queue. Tous fument c’est une habitude acquise dès l’enfance ; ils fument dès l’âge de trois ans. Comme leur reli-