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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Espagnols et traça dans l’histoire une date mémorable : « l’année du grand coup. » Laissant son frère Dominique et son cousin Laurent Ducharme, dans les postes de l’ouest, il retourna à Lachine en 1800 et y passa le reste de ses jours jouissant de ses revenus. Ses fils, Joseph, Dominique et Paul, trafiquèrent aussi dans l’ouest. Paul se fixa au Wisconsin ; Dominique, agent des sauvages du lac des Deux-Montagnes, se distingua durant la guerre de 1813, près de Niagara.

Louis-Vital Baugy, fils d’un Canadien né aux Cèdres, près de Montréal, continua la tradition de son père, homme intègre et de forte intelligence, colon de la Nouvelle-Orléans. Instruit à une école de campagne, il s’éleva ensuite par de bonnes études, et prit un rang distingué au barreau, après avoir passé par le commerce. Lors de la guerre de Black-Hawk (1832) il servit comme volontaire avec Abraham Lincoln. Reçu avocat, il s’établit à Saint-Louis. Élu (1840) à la législature du Missouri, quoiqu’à peine âgé de vingt-sept ans, il se forma à la politique, puis se transporta dans son comté natal à Sainte-Geneviève de la Nouvelle-Orléans et devint l’un des chefs du parti démocrate. Son éloquence, la facilité de sa plume, l’urbanité de ses manières le rendirent très populaire en peu de temps. En 1854, il rentra dans la législature du Missouri et y joua, durant de longues années, l’un des premiers rôles. Menant l’exploitation de l’industrie de front avec les matières de loi, il acquit de la fortune et, en 1866, on lui confia l’agence des affaires des Sauvages, position équivalent à un portefeuille de ministre. Son parti le choisit comme candidat au poste de lieutenant-gouverneur (1868) mais il refusa et se fit élire président du conseil municipal de Saint-Louis. En 1873, l’État du Missouri le nomma sénateur au congrès de Washington ; il mourut dans cette charge en 1878, après avoir fait honneur à ses compatriotes et s’être montré constamment fier de son origine canadienne.

François-Xavier Aubry a laissé dans l’ouest une renommée tellement extraordinaire que nous pourrions lui consacrer un chapitre entier sans parvenir à en épuiser le sujet. Né à Maskinongé (1824) il apprit à lire, écrire et calculer, puis entra dans le commerce. En 1843 il partit pour l’ouest, avec le louable dessein de gagner de l’argent pour racheter la terre paternelle qui venait d’être vendue. Après une station à Saint-Louis, on le retrouve au Nouveau-Mexique, ensuite sur le haut Mississipi, une seconde fois au Nouveau-Mexique. Il était lancé dans cette carrière de voyages à travers le continent où il a brillé plus que tous ses contemporains. Les caravanes qu’il conduisit, au milieu des dangers de tous genres, sur des espaces qui effrayent l’imagination, ses coups de fortune, ses désastres financiers, ses relèvements au lendemain d’une chute commerciale, ses explorations de routes nouvelles, ses combats avec les Sauvages, ses marches incroyables, ses traits d’audace, son dévouement à ses compagnons, tout cela est de l’histoire vraie et populaire dans les territoires du sud-ouest. Il venait de réédifier sa fortune et s’était rendu célèbre par la découverte de plusieurs passes de montagnes et ailleurs, pour la construction des chemins de fer, lorsqu’il fut assassiné à Santa-Fé en 1854. Nous avons de lui un précieux journal de voyage.

M. Tassé dit. « Le premier gouverneur de l’Illinois fut un Canadien, le colonel Pierre Ménard ; le dernier sénateur du Missouri au congrès de Washington, Louis-Vital