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hélène swarth.

XXVII.

SOIR D’HIVER.


Sur le tapis fané de velours bleu,
S’effeuillent lentement les lourds et blancs pétales
De roses pâles.
Je regarde fleurir les tulipes du feu
Et les roses mourir, si frêles dans leur vase
Et j’écoute les pas des passants,
Et j’attends
Depuis longtemps.
Et je sais bien pourtant que l’heure de l’extase
Ne sonnera plus jamais pour moi, plus jamais,
Que celui que j’aimais
Humblement, lâchement, comme une esclave tendre,
Je ne dois plus jamais l’attendre.
Et le regret mêle au mépris
Un doux-amer arrière-goût d’angoisse.
Mais je me raidis et souris
D’orgueil et dans mes doigts brûlants je froisse