Page:Swift - Instructions aux domestiques.djvu/79

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ces mains est nécessaire pour ouvrir la porte, tandis que vous êtes encombré de ce fardeau ; c’est pourquoi je vous engage à laisser toujours la porte entr’ouverte, de façon à pouvoir l’ouvrir du pied, et alors vous pouvez porter assiettes et plats de votre ventre à votre menton, indépendamment d’une quantité de choses sous vos bras, ce qui vous épargnera bien des pas ; mais prenez garde de rien laisser tomber avant d’être hors de la salle et, s’il est possible, assez loin pour ne pas être entendu.

Si l’on vous envoie mettre une lettre à la poste par une soirée froide et pluvieuse, entrez au cabaret et prenez un pot, jusqu’à ce que vous soyez censé avoir fait votre commission ; mais profitez de la première occasion pour la mettre soigneusement à la poste, comme il convient à un honnête serviteur.

Si l’on vous ordonne de faire du café pour les dames après dîner, et qu’il se mette à s’enfuir tandis que vous montez bien vite chercher une cuiller pour le remuer, ou que vous pensez à quelque autre chose, ou que vous luttez avec la femme de chambre pour avoir un baiser, essuyez bien le dehors du pot avec un torchon, montez hardiment votre café, et quand votre maîtresse le trouvera trop faible, et vous demandera s’il ne s’est pas enfui, niez formellement le fait ; jurez que vous y avez mis plus de café qu’à l’ordinaire, que vous ne l’avez pas quitté d’un instant, que vous vous êtes efforcé de le faire meilleur que de coutume, parce que votre maîtresse avait des dames avec elle, que les domestiques