Page:Swift - Instructions aux domestiques.djvu/81

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Quand vous allez à quelques portes de la vôtre pour jaser avec une fille, ou prendre en courant un pot d’ale, ou voir un camarade qui va être pendu, laissez la porte de la rue ouverte, afin de ne pas être forcé de frapper, et que votre maître ne découvre pas que vous êtes sorti ; car un quart d’heure de temps ne peut faire de tort à son service.

Quand vous emportez les croûtes de pain après dîner, mettez-les sur des assiettes sales, et écrasez-les sous d’autres assiettes, de façon à ce que personne n’y puisse toucher ; et alors ce sera le profit du gamin de service.

Quand vous êtes forcé de nettoyer de votre propre main les souliers de votre maître, employez le tranchant du couteau de cuisine qui coupe le mieux, et séchez-les, le bout à un pouce du feu ; car les souliers humides sont dangereux, et d’ailleurs, par ce moyen, vous les aurez plus vite pour vous.

Dans quelques maisons, le maître envoie souvent chercher à la taverne une bouteille de vin, et vous êtes le messager : je vous engage alors à prendre la plus petite bouteille que vous pouvez trouver ; mais, en tout cas, faites-vous donner une pleine quarte ; vous aurez ainsi quelque chose pour vous-même, et votre bouteille sera remplie. Quant à un bouchon, ne vous en mettez pas en peine, car le pouce fera aussi bien, ou un morceau de sale papier mâché.

Dans toutes les disputes avec les porteurs de chaises et les cochers qui demandent trop, quand votre maître