Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/306

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arbre fruitier, lui dit : « Pourquoi, sot animal, es-tu assez folle pour entrer dans cette fiole où tu vois tant de centaines d’êtres de ton espèce qui meurent devant toi ? — Le reproche est juste, répondit la guêpe, mais non pas venant de vous autres hommes, qui êtes si loin de prendre exemple des sottises d’autrui, que vous n’êtes pas avertis par les vôtres mêmes. Si après être tombée plusieurs fois dans cette fiole, et en être échappée par hasard, j’y retombais encore, alors je ne ferais que vous ressembler. »

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Un vieil avare avait une corneille apprivoisée, qui avait l’habitude de voler des pièces de monnaie et de les cacher dans un trou ; ce que le chat ayant remarqué, il lui demanda pourquoi elle amassait ces ronds brillants qui ne lui étaient bons à rien. « Eh mais ! dit la corneille, mon maître en a un plein coffre, et il n’en fait pas plus d’usage que moi. »

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Les hommes veulent bien qu’on rie de leur esprit, mais non pas de leur sottise.

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Si les hommes d’esprit et de génie pouvaient se résoudre à ne jamais se plaindre, dans leurs ouvrages, des critiques et des détracteurs, le siècle suivant ne saurait pas qu’ils en aient jamais eu.

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