Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/59

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bien soin de vous tenir en vue et de le suivre jusqu’à la porte, et, quand vous en avez l’occasion, regardez-le en plein visage, cela peut vous valoir un shilling ; mais si ce monsieur a passé la nuit chez vous, dites à la cuisinière, à la fille de service, au palefrenier, à la laveuse de vaisselle, et au jardinier, de vous accompagner et de se tenir sur son passage, dans le vestibule, sur deux rangs de chaque côté de lui : s’il se conduit bien, cela lui fera honneur, et ne coûtera rien à votre maître.

Vous n’avez pas besoin d’essuyer votre couteau pour couper le pain de la table, parce qu’en en coupant une tranche ou deux il s’essuiera de lui-même.

Fourrez votre doigt dans chaque bouteille pour tâter si elle est pleine ; c’est le moyen le plus sûr, car le toucher n’a pas son égal.

Quand vous descendez à la cave pour tirer de l’ale ou de la petite bière, prenez soin de suivre exactement la méthode suivante : tenez le vase entre l’index et le pouce de votre main droite, la paume en dessus ; puis tenez la chandelle entre vos doigts, mais un peu penchée vers l’ouverture du vase ; alors ôtez le fausset de la main gauche, et mettez-en la pointe dans votre bouche, et gardez votre main gauche pour veiller aux accidents ; quand le vase est plein, ôtez le fausset de votre bouche, bien aiguisé par la salive, qui étant d’une consistance visqueuse, le fera tenir plus solidement dans le trou : s’il tombe du suif dans le vase, vous pouvez aisément (si vous y pensez) l’enlever avec une cuiller.