Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/86

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avec eux, prenez pitié de ces pauvres diables, et dites à votre maître qu’ils ne veulent pas recevoir un liard de moins : il est plus de votre intérêt d’avoir votre part d’un pot d’ale que d’épargner un shilling à votre maître, pour qui c’est une bagatelle.

Quand vous accompagnez votre maîtresse par une soirée très-sombre, si elle se sert de sa voiture, ne marchez pas à côté de la voiture de façon à vous fatiguer et à vous crotter, mais montez à la place qui vous convient derrière, et de là tenez la torche penchée en avant par dessus l’impériale ; et quand elle a besoin d’être mouchée, frappez-la contre les coins.

Quand vous laissez votre maîtresse à l’église les dimanches, vous avez deux heures d’assurées à dépenser avec vos camarades au cabaret, ou devant un beef-steak et un pot de bière, à la maison, avec la cuisinière et les servantes ; et vraiment les pauvres domestiques ont si peu d’occasions d’être heureux, qu’ils n’en doivent perdre aucune.

Ne portez jamais de bas quand vous servez à table, dans l’intérêt de votre santé comme de celle des convives ; attendu que la plupart des dames aiment l’odeur des pieds des jeunes gens, et que c’est un remède souverain contre les vapeurs.

Choisissez une condition, si vous le pouvez, où les couleurs de votre livrée soient le moins voyantes et le moins remarquables ; vert et jaune trahit immédiatement votre office, et ainsi fait toute espèce de galons, excepté ceux d’argent, qui peuvent difficilement vous échoir, à moins d’un duc, ou de