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104 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

sive projetée, on offrait à l’Amérique la liberté du commerce avec les colonies françaises, à condition qu’elle garantirait à la République la possession de ces colonies (1).

Les choses en étaient là vers le milieu de janvier. Le gouvernement français se trouvait dans la plus grande perplexité, et était disposé à renoncer à l’offensive pour conserver la Belgique et l’Escaut. Il s’effrayait à l’idée d’engager le combat avec ses calmes et puissants voisins mais, d’un autre côté, il lui en coûtait de se soumettre aux conditions indispensables au maintien de la paix. Il serait difficile de dire ce qui lui semblait le plus pénible en ce moment, ou de s’engager dans une guerre contre l’Angleterre, ou de renoncer à la Belgique. Qui sait donc combien de temps eussent encore duré ses hésitations si, en ce moment même, une décision ne lui eût été imposée, non par l’étranger, non par la haine des rois, mais par les partis qui s’agitaient à Paris et par un nouveau triomphe de la révolution intérieure.

Nous avons vu comment la Gironde avait renoncé, depuis le mois de décembre, à son ancienne politique de conquête, comment elle s’était opposée à la condamnation de Louis XVI, par crainte de troubler la paix européenne, et comment elle avait proposé l’appel au peuple, dans le désir de s’assurer l’alliance ’de l’Angleterre. Presque tous ses chefs, Salles et Vergniaud, ’Valazé et Brissot, d’accord à cet égard, avaient poursuivi de leur colère et de leur blâme Pache, Danton et tout le système employé en Belgique. S’ils avaient triomphé dans le grand drame du procès du roi, s’ils avaient ressaisi par là la haute direction des affaires de l’Etat, il ne peut rester aucun doute sur la manière dont les hésitations du ministère se fussent terminées. La liberté -de la Belgique et la paix avec l’Angleterre eussent été les bases de leur politique (2)

Mais, loin de là, ils étaient battus, ébranlés, presque proscrits. (1) Protocoles du Conseil des ministres, 1&, 16 et 18 janvier.

(2) Que Brissot ait été le rapporteur du Comité au sujet de la déclaration de ..– ~i~ n~ ~ï~ f~r) ynnfr~ ï~ fft!t ftnn ïinns nvnncons. U déclara, lui-même.

guerre, cela ne prouve rien contre le fait que nous avançons. Il déclara lui-même~ peu de temps après, qu’il avait parlé contre son opinion, et au nom seul du Comité. La délibération sur l’appel au peuple ne laisse aucun doute sur la vérité de cette affirmation. Si la guerre contre l’Autriche était l’œuvrc de la Gironde, la guerre contre l’Angleterre fut exclusivement l’oeuvre de la Montagne.