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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE. 111

parts d’ouvrir les hostilités. Monge envoya dans tous les ports des instructions re!ativement à la guerre maritime. On enjoignit à Dumouriez d’attaquer immédiatement la Hollande, de prendre Venloo et Maëstricht, et de pénétrer aussi vite que possible dans le pays, afin de s’emparer à l’improviste des provisions de la marine à Amsterdam, au Ilelder et dans les autres ports. Puis, sur le rapport de Brissot, la Convention prononça le 1" février la déclaration de guerre contre l’Angleterre et la Hollande. Personne ne souleva la moindre opposition, personne ne témoigna ni inquiétude, ni enthousiasme le décret passa comme un décret d’administration locale, presque sans être discuté. Était-ce certitude du triomphe, ou était-on poussé en avant par la crainte de plus grands malheurs? Agissait-on sous l’impulsion de l’honneur national, ou votait-on cette guerre de vingt ans dans une complète ignorance des conséquences qui devaient la suivre? Tous ces sentiments réunis agissaient simultanément mais ce qu’il y avait de plus clair, c’est qu’on marchait en fermant les yeux, parce qu’on n’était plus libre de s’arrêter. La situation de l’intérieur du pays ne ressemblait à aucune autre. C’était une sorte d’état intermédiaire entre l’ancien et le nouveau système de gouvernement; rien de précis n’existait, aucun parti ne possédait complètement le pouvoir, aucune autorité ne fonctionnait régulièrement. L’état de choses créé depuis la fin de septembre par la Gironde et le centre avait été bouleversé par le triomphe des Jacobins; mais ces derniers, malgré le trouble qui régnait dans les rangs de leurs adversaires, ne se trouvaient pas encore en mesure de prendre la direction positive des affaires et de constituer un gouvernement purement démocratique. Deux obstacles s’y opposaient, autant que je puis en juger. En premier lieu, les vainqueurs du 21 janvier, bien que ligués contre Louis et contre la Gironde, se trouvaient entre eux en désacord complet pour ce qui regardait l’avenir. Hébert et Chaumette ne vénéraient personne autant que Pache, tandis que Danton ne voulait plus entendre parler d’un homme qui ne savait que ruiner les armées; quant à Robespierre, s’il approuvait de tout son cœur les mesures prises par Pache contre les généraux, il commençait à trouver le pouvoir de la Commune incommode pour lui-même. La Convention comptait ainsi, à