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S COMMENCEMENT DE LA G.UJE~E ANGLO-FRANqAISE.

~s malheurs existants à l’administration deJ’État, telle qu’elle avait été organisée jusqu’alors, et l’on en était arrivé par là à attacher trop d’importance à la forme du gouvernement en général. Ou savait quelles souffrances avaient accablé le peuple sous la monarchie, et l’on en concluait que la souveraineté populaire pouvait seulej~ apporter le baume nécessaire. Par amertume de sentiment plutôt que parréuexion.on s’habitua à regarder l’idée de liberté comme synonyme de celle de constitution républicaine. On~e Jf~pa dans cette pensée, soit par des théories générales, soit en considérant les autres nations, et, par là, on perdit de vue le point essentiel, les intérêts, les penchants et les capacités du peuple français. Quel que fût l’avenir réservé à ce peuple, il est certain que jusque-là il n’avait présenté aucune des qualités ni des aptitudes nécessaires pour assurer la prospérité d’une république et surtout d’une république démocratique. Tandis que la nature de la race anglo-saxonne est résumée dans le mot de &<?<y~oue?-M~?~, celle de la nation française semble se manifester, au contraire, par un continuel effort vers la centralisation.

Chaque grande et glorieuse époque de son histoire est marquée, non par un développement de la liberté individuelle, mais par un progrès dans la force de son gouvernement. Ses vertus et ses faiblesses la portent toujours vers un genre de monarchie que d’autres nations regarderaient presque comme une tyrannie, et il est positif que tous ses essais d~ constitution républicaine n’ont abouti qu’à la tyrannie de la majorité, et non à la liberté publique. Dans tous les temps et en toute occasion, on trouve chez cette nation un. vif enthousiasme pour l’honneur du pays, mais un faible sentiment d’intérêt pour Fmdépendance personnelle et sociale; avec les talents politiques les plus brillants et la faculté du plus noble dévouement, il lui manque encore les dons les plus nécessaires à~nne saine démocratie, la force qui sait attendre, l’amour de la loi, et la persévérance.

Il serait profondément injuste de chercher abaisser un grand peuple qui, sous ses rois, a tout fait pour remplir la mission la plus haute de l’humanité, parce qu’il ne comprend pas la république mais il n’en paraît pas moins évident que, si la liberté d’un peuple consiste à vivre d’après les lois de sa propre nature,