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438 DEUXIEME PARTAGE DE LA POLOGNE.

que le Bosphore et la Vistule devaient tout au plus lui servir de stations. Les deux projets se côtoyaient, s’enchaînaient et se combinèrent enfin en un formidable plan d’attaque, dirigé contre l’Europe entière. Voyons maintenant comment l’Europe fit face à ce danger.

D’après la nature même des choses, c’étaient les deux grandes puissances aîleman.des, l’Autriche et la Prusse, qui devaient être atteintes les premières par les progrès de Catherine, et ce futvers elles que se dirigea d’abord sa politique. Rien ne pouvait être plus avantageux pour la Russie que de voir une amère jalousie régner entre ces deux puissances, et surtout de les voir opposées d’intérêts dans la question polonaise. L’Autriche se sentait liée à la Pologne par toutes ses traditions; la Prusse, au contraire, était née et avait grandi en guerre avec elle. Frédéric II, qui avait besoin de la Prusse polonaise tout autant que Pierre I" avait eu besoin jadis des ports de la mer Baltique, accepta avec empressement l’alliance russe, tandis que l’Autriche se_montra disposée à combattre les armes à la main les plans de la Russie. Mais bientôt pette opposition faiblit. D’un côté, la Pologne paraissait si ébranlée que l’Autriche désespéra de son maintien de l’autre, la Russie menaçait si fortement l’existence de la Turquie, que Frédéric commença à craindre pour sa propre indépendance. De là naquit peu à peu, en 1770, une première entente entre Frédéric et le jeune empereur Joseph puis, en 1772, les trois puissances tpmbèrent d’accord au sujet du premier partage de la Pologne, et la domination si absolue de la Russie sur ce pays se trouva restreinte par la participation des puissances allemandes. C’étaient alors des régiments russes et non des régiments polonais qui régnaient en maîtres dans la Prusse occidentale et dans la Galicie, et qui, lors du partage, cédèrent la place aux troupes allemandes. Bien que les résultats ainsi obtenus par les événements de 1773 ne fussent pas très-briHants, on devait, dans la situation actuelle de l’Europe, les considérer comme très-heureux. Ce n’étaij, pas un médiocre succès, en effet, que de voir, dix ans à peine après la guerre de Sept ans, la Prusse et l’Autriche alliées et appelées à exercer une certaine influence sur la question d’Orient.

Cependant, l’union des puissances allemandes, sur laquelle