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154 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

Léopold était souvent dans l’obligation de réprimander vertement les diverses autorités pour leur négligence et leur désordre; il dut même créer à la chancellerie deux places d’inspecteurs chargés de surveiller régulièrement la manière dont les affaires étaient conduites. Envers l’Église, l’empereur s’efforça de garder une attitude amicale, sans consentir cependant à une restauration complète. Il replaça, par exemple, toutes les écoles des villes sous la surveillance des évêques; mais il protégea les Hongrois protestants dans la question des mariages mixtes, et s’opposa au rétablissement des couvents fermés par ordre de Joseph II. On ne savait donc pas jusqu’à quel point le gouvernement autrichien pouvait encore compter sur l’influence de l’Église et de la noblesse, qui avaient été jadis les plus fermes appuis de son pouvoir; d’autre part, l’armée ressentait plus encore le contre-coup du changement de système. Sous Joseph II, l’influence du feld-maréchal Landon avait dû en tout céder le pas aux conseils du général Lascy, ce qui avait donné lieu à une foule de changements importants, dans le personnel et dans le matériel. Sous Léopold, le parti de Landon reprit le dessus, On tournait en ridicule les réformes administratives de Lascy on citait ce mot de Frédéric II « ce brave Lascy a besoin d’employés qui lui coûtent un million, pour éviter qu’on ne gaspille mille florins. » Léopold n’alla pas ici aussi vite ni aussi rudement en besogne que son prédécesseur, mais il n’y eut bientôt plus moyen de douter de la nécessité de nouveaux changements; en décembre 1791, une commission fut nommée pour examiner les institutions de Joseph It, commission présidée de nom par le prince Colloredo, zélé partisan de. Lascy, mais dirigée de fait dans ses travaux par l’énergique général de Vins, ami de Landon, si bien qu’au bout de peu de temps, Colloredo~ se retira furieux, en prédisant force malheurs. Ces dissensions eurent un prompt retentissement dans tous les corps d’officiers, et se communiquèrent par là jusqu’à la ,noblesse des provinces.

Les basses classes n’étaient pas beaucoup plus calmes. Tandis que la noblesse saluait avec joie l’abolition des impôts établis par Joseph II, on entendait retentir de toutes parts les plaintes des paysans, lesquels craignaient le rétablissement des charges