Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

162 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

qui devaient exercer une influence toujours croissante sur la guerre de la Révolution. Pour que l’échange bavarois pût avoir lieu, il fallait, avant tout, reprendre aux Français les pays que Dumouriez venait de conquérir il fallait, par conséquent, faire de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices il fallait que les alliés de la Prusse eux-mêmes ne reculassent pas devant les concessions les plus pénibles. On se demanda alors si un tel système présenterait des avantages dignes d’être payés aussi cher, et il se trouva à Vienne plus d’un politique influent qui émit résolûment un avis contraire. Depuis qu’elle était devenue province autrichienne, c’est-à-dire depuis 171A, la Belgique n’avait jamais été pour la maison impériale une acquisition agréable. On avait eu à y supporter des difficultés incessantes, suscitées par l’opiniâtreté des provinces, et l’on avait ressenti maintes fois le danger du voisinage immédiat de la France. C’est ce qui avait poussé Marie-Thérèse à s’allier avec celle-ci contre Frédéric le grand pour regagner la Silésie, elle eût volontiers abandonné la Belgique aux Bourbons. Ces sentiments se manifestèrent encore plus clairement chez l’empereur Joseph II en ~785, il avait formé très-sérieusement le projet d’échanger la Belgique contre la Bavière il pensait que tous les intérêts de l’Autriche devaient la porter vers l’Orient, c’est pourquoi il s’était approprié la Galicie dès 1772, et avait projeté avec Catherine, en 17S3, de faire de la Vénétie, de la Bosnie et de la Servie des provinces autrichiennes. En outre, il était en lutte acharnée avec les États belges, lutte qui amena bientôt une révolution à main armée. Pendant près d’un an, la Belgique réussit à maintenir son indépendance et fut en relations ouvertes avec tous les ennemis de l’Autriche. L’empereur Léopold, le seul prince de sa maison qui attachât du prix à la possession de la Belgique, était enfin parvenu a. ~grand’peine à rétablir son autorité à Bruxelles mais, sur-le-champ, il avait vu se renouveler l’opposition des États. Enfin, François II lui-même, bien que, dès le début de la guerre avec la France, il eût employé la plus grande partie de ses troupes à protéger la Belgique, s’était vu refuser par les États belges tout subside destiné à payer les frais de la guerre. Il était donc bien naturel qu’on ne tînt pas beaucoup à Vienne aux possessions belges. On pensait généralement qu’il y aurait folie à