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PARTAGE DE LA POLOGNE. LE TRAITÉ. 171

dations en rapport entre elles par la publication d’un roman licencieux intitulé Fragments des œMuye~ de Good, philosophe eAzKOM. Tout le monde lut le livre, mais les initiés seuls savaient qu’ils y trouveraient une clef pour leur correspondance et un modèle pour leur organisation. A l’aide de ce moyen, on réussit en peu de temps à former une immense conjuration qui échappa aux investigations de la police (1).

Au printemps de 1791, nous avons trouvé l’ambassadeur français, Descorches, mêlé à toutes ces intrigues. La Généralité et le gouvernement russe, qui en avaient été informés, l’avaient congédié; mais un de ses employés, nommé de Bonneu, était resté en Pologne et s’employait avec zèle à servir d’intermédiaire entre les conjurés et Paris. Nous connaissons les vastes plans de Lebrun au sujet de l’Europe orientale, ainsi que ses liaisons avec les mécontents autrichiens et hongrois; quant à Dumouriez, c’était surtout aux Polonais qu’il s’intéressait; de Bonneu reçut de lui l’assurance formelle que la Pologne serait .sauvée si les armes françaises continuaient à être victorieuses. Au mois de décembre la Russie acquit une preuve irrécusable de toutes ces menées, car une révolte soudaine, ourdie par quelques agents français, éclata chez les Cosaques du Don. Cette révolte fut immédiatement réprimée; mais, jointe à une conspiration de la noblesse récemment découverte à Moscou (2), elle devait nécessairement pousser Catherine à hâter l’accomplissement des actes de violence qu’elle méditait contre la Pologne. Cette situation ne pouvait rester entièrement ignorée des autorités prussiennes qui se trouvaient sur la frontière. Les menées des patriotes étaient plus considérables dans la Grande-Pologne que partout ailleurs car, ainsi que nous nous le rappelons, ces patatinats avaient été délivrés des troupes russes aussitôt après l’arrangement provisoire conclu avec la Prusse, et les Polonais pouvaient s’y agiter tout a leur aise. La bourgeoisie de Posen avait déjà joué un grand rôle dans les mouvements qui avaient amené la Constitution du 3 mai; Wibycki, son chef, homme très-riche, très-spirituel et très-instruit, avait été intime(1) Lclewel, II, 173.

(2) Cette conspiration, sous la, direction du prince Trubetzkpi et dtt comte Lapuchin, fut découverte en septembre,