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n & DEUXIÈME l’ARTAGE DE LA POLOGNE.

tivement à la Pologne. La czarine n’avait pas voulu de partage tant qu’il y avait eu possibilité pour elle de gouverner d’une manière pacifique. Pour qu’elle prêtât l’oreille aux exigences de la Prusse, il avaitfallu que les Polonais eux-mêmes rendissent tout arrangement impossible; et, même alors, elle attendit et hésita pendant des mois entiers, jusqu’à ce qu’enfin la situation de l’Europe ne lui permit plus de reculer. Elle fait aussi allusion à ces circonstances dans son instruction, mais d’une façon peu explicite et peu sincère. Elle parle de ses craintes de voir le roi .de Prusse s’emparer pour son propre compte des provinces polonaises, ou s’unir contre la Russie aux patriotes polonais elle décrit le danger de le voir conclure la paix avec la France, ce qui aurait mis l’allié naturel de la Russie, l’empereur d’Autriche, dans un très-grand embarras; mais, en réalité, le sentiment qui dominait chez elle était la colère contre l’Autriche qui, neuf mois auparavant, lui avait proposé la réunion de la Pologne à la Saxe. Ce qu’elle redoutait surtout, c’était, ou le retour de l’empereur à cette politique, appuyée cette fois par la puissante Angleterre ou l’alliance des deux États allemands pour en arriver au partage de la Pologne sans la coopération de ’la Russie. RIle résolut donc, pour écarter ces dangers, de s’entendre le plus tôt possible avec la Prusse. « Cette route, disait-elle, nous offre aussi des avantages incontestables; en la suivant, nous accomplirons un acte qui a pour commencement et pour but d’arracher à l’oppression toutes les provinces et toutes les villes peuplées ou fondées par des Russes et professant la même religion que nous, et de les élever, par leur réunion à notre empire, au même degré de gloire et de prospérité que nos bienaimés sujets. D Et elle ordonna au comte Ostermann d’ouvrir des négociations avec la Prusse au sujet du traité de partage de la Pologne.

En conséquence, le ministre manda au comte de Goltz, le 16 décembre, que, vu les longs retards de l’empereur et l’opposition menaçante de l’Angleterre, il n’y avait plus un instant à perdre que l’impératrice accédait à l’acquisition demandée par le roi de Prusse et à la prise de possession immédiate d’une province polonaise par les troupes royales, et qu’elle-même avait l’intention d’incorporer au royaume russe un territoire d’une valeur