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180 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

commerciaux. Mais quelque clairs que soient ces deux principes en général, leurs limites peuvent devenir fort douteuses dans l’application en effet, les querelles n’bnt jamais manqué à cet égard les États neutres ont toujours réclamé naturellemenjt. la plus grande liberté commerciale possible, tandis que les États belligérants réclamaient de leur côté la plus grande extension possible des mesures répressives. Trois questions surtout donnaient lieu à de constantes discussions. Il était reconnu que le bien de l’ennemi était de bonne prise, mais qu’un vaisseau neutre devait être respecté; que faire alors lorsque ce bien de l’ennemi se trouvait placé sous la protection d’un pavillon neutre? Il était admis qu’aucune puissance neutre ne devait fournir aux États belligérants des munitions de guerre ou des objets de contrebande mais jusqu’où et à quelles marchandises s’étendait ce principe? H était certain qu’aucune puissance neutre ne devait réclamer l’entrée d’une forteresse assiégée ni d’un port bloqué; mais que fallait-il pour constituer l’état de blocus réel? Il était de l’intérêt des grandes puissances maritimes, qui, se trouvant toujours mêlées à chaque guerre navale, pouvaient espérer d’en régler le cours, il était surtout, depuis la fin du xvn" siècle, de l’intérêt de l’Angleterre de résoudre toutes ces questions en faveur des puissances belligérantes; c’est-à-dire de faire déclarer que le navire neutre devait se soumettre aux perquisitions et subir la confiscation de toutes les marchandises ennemies qu’il renfermait; que les objets de contrebande n’étaient pas seulement les armes, mais tous les matériaux destinés à la construction des navires et aux armements de guerre; que le blocus, dés qu’il était déclaré, était regardé comme existant. Et en effet, l’Angleterre avait réussi peu à peu à obtenir de presque tous les États européens, et en particulier de Ja France, la reconnaissance officielle de ces principes.

C’était précisément contre ces mêmes principes que la Russie s’était élevée en 1780, lorsqu’elle avait nié le droit de perquisition, restreint le sens du mot contrebande, et exigé, pour admettre le blocus, que l’entrée de la place bloquée fùt réellement fermée par des vaisseaux ennemis. L’Autriche et tous les États riverains de la mer ,Baltique avaient appuyé cette déclaration, et l’Angleterre, tout en protestant contre les pré-