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PARTAGE DE LA POLOGNE. LE TRAITÉ. d81

tentions de la Russie, avait cru prudent, sous la pression de la guerre d’Amérique, de s’abstenir de toute démarche positive. Mais maintenant qu’elle allait entreprendre une nouvelle guerre maritime, c’était une question de vie ou de mort pour ses armes et pour son commerce de savoir si la Russie continuerait ou non à défendre ses principes de neutralité armée. Quant à Catherine, elle n’attachait pas pour le moment un grand intérêt à cette question. Comme, après l’aversion qu’elle avait dans tous ses actes témoignée pour la Révolution française, elle pouvait, d’un moment à l’autre, se voir, au moins de nom, enveloppée dans la lutte, comme ta Prusse et l’Autriche se trouvaient déjà en ét at de guerre, et comme la Hollande devait suivre en cela l’exemple de l’Angleterre, il ne restait plus que le Danemark et la Suéde qui pussent être considérés comme neutres. Or, cette dernière puissance précisément exaspérait alors Catherine par la sympathie qu’elle montrait pour la République française. L’impératrice n’hésita donc pas un instant à faire une démarche décisive pour les intérêts de l’Angleterre.

Le 6 février, Ostermann fit appeler lord Withworth, et lui communiqua une longue dépêche qui devait être adressée à Londres, en qualité d’instruction, à l’ambassadeur russe, le comte Woronzow. La teneur générale de cette dépêche était que la Russie était disposée à entrer dans une alliance contre la France et à fournir des secours de troupes qu’elle avait lieu d’être inquiète au sujet des Turcs et des Suédois, et qu’elle prenait des précautions à l’égard de ces deux puissances mais qu’elle renonçait à tous les priviléges de neutralité armée, et laissait l’Angleterre libre de faire à ce sujet tout ce qui lui semblerait bon (1). Après une telle concession, elle pouvait sans crainte s’opposer à la médiation armée proposée par l’Angleterre entre la France etl’Autriche; cette proposition, d’ailleurs, avait perdu toute raison d’être depuis les derniers événements de Paris. Bientôt après, Ostermann promit encore que non-seulement la Russie interdirait à ses sujets tout commerce avec la France, mais qu’elle demanderait la même mesure à Stockholm et à Copenhague (2).

(1) Hogguer, 6 février. (?) Hogguer~ 11 fëYrier.